Jean-Marc Ligny, La mort peut danser, Gallimard (Folio SF), 2014, 383 p.
Paru en 1994 aux éditions Denoël, La mort peut danser
vient d’être réédité vingt ans plus tard dans la collection Folio SF de
Gallimard. Ce roman s’inspire très librement de la formation Dead Can Dance,
dont le nom donne son titre au roman (les titres de chapitres sont également
ceux de pièces musicales du groupe). Toutefois, il ne faut pas croire qu’il
s’agit d’une biographie romancée... et l’on serait bien naïf de le penser étant
donné la forte teneur fantastique du récit !
La mort peut danser s’articule autour de Bran (Brendan) et d’Alyz (Lisa),
le duo de Dead Can Dance. À la suite d’une succession de prémonitions d’Alyz, le couple quitte l’Australie pour l’Irlande. Ils s’installent dans un manoir
du XIIe siècle, dans lequel Alyz aura très tôt des visions. Graduellement, sa réceptivité au lieu s’accentue, et elle devient par moments
possédée par l’âme d’une sorcière et prophétesse à la voix sublime, brûlée vive
en 1181. Dès lors, les existences d’Alyz et de la jeune sorcière et poétesse,
Forgaill, se confondent, ce dont rendent compte les chapitres, qui alternent
entre les XIIe et XXe siècles. Le chant d’Alyz devient littéralement transcendé par celui
de Forgaill, qui s’exprime en gaélique (langue que la chanteuse moderne ne
connaît pas). Les compagnies de disques ne tardent pas à s’intéresser à cette
formation des plus insolites qu’est devenue Dead Can Dance. Mais les histoires
de possession ne sont jamais simples...
Avec ce roman de près de quatre cents pages, Jean-Marc
Ligny montre sa grande connaissance du groupe qu’il met en scène, de
même que de l’Irlande ancienne et actuelle. Quelques-uns des plus beaux
passages du livre sont ceux dans lesquels il dépeint l’Irlande avec une
affection apparente. La possession d’Alyz est aussi rendue avec un onirisme
fort à propos. De plus, les connaissances de l’auteur sur l’Irlande et les
légendes celtiques ne sont jamais plaquées, mais intégrées de manière limpide au
récit. Et comme l’histoire est fluide, on ne s’ennuie pas au cours de la
lecture, à tout le moins si l’on apprécie les ouvrages à saveur celtique et
fantastique.
Cependant, comme les chapitres alternent entre les récits
de Forgaill et d’Alyz, la comparaison entre les deux parties est inévitable.
Pour ma part, j’avais toujours hâte que les sections au sujet de Forgaill se
terminent pour laisser place à Alyz. De surcroît, alors que le
personnage d’Alyz est particulièrement incarné, celui de Bran l’est beaucoup
moins ; j’ai eu de la difficulté à percevoir son intériorité et la raison de
certaines de ses réactions. Il faut également ne pas être las des histoires de
possession pour apprécier à sa juste mesure La mort peut danser.
Bref, un roman à l’atmosphère irlandaise saisissante, qui
m’a donné encore plus envie de mettre les pieds en Irlande. Et de découvrir
plus avant Dead Can Dance, dont je ne connais qu’une unique pièce pour l'instant... Mais plus pour longtemps !
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