mardi 21 octobre 2014

Le Voyage insolite (émission du 20 octobre)


Jean-Marc Ligny, La mort peut danser, Gallimard (Folio SF), 2014, 383 p.

Paru en 1994 aux éditions Denoël, La mort peut danser vient d’être réédité vingt ans plus tard dans la collection Folio SF de Gallimard. Ce roman s’inspire très librement de la formation Dead Can Dance, dont le nom donne son titre au roman (les titres de chapitres sont également ceux de pièces musicales du groupe). Toutefois, il ne faut pas croire qu’il s’agit d’une biographie romancée... et l’on serait bien naïf de le penser étant donné la forte teneur fantastique du récit !

La mort peut danser s’articule autour de Bran (Brendan) et d’Alyz (Lisa), le duo de Dead Can Dance. À la suite d’une succession de prémonitions d’Alyz, le couple quitte l’Australie pour l’Irlande. Ils s’installent dans un manoir du XIIe siècle, dans lequel Alyz aura très tôt des visions. Graduellement, sa réceptivité au lieu s’accentue, et elle devient par moments possédée par l’âme d’une sorcière et prophétesse à la voix sublime, brûlée vive en 1181. Dès lors, les existences d’Alyz et de la jeune sorcière et poétesse, Forgaill, se confondent, ce dont rendent compte les chapitres, qui alternent entre les XIIe et XXe siècles. Le chant d’Alyz devient littéralement transcendé par celui de Forgaill, qui s’exprime en gaélique (langue que la chanteuse moderne ne connaît pas). Les compagnies de disques ne tardent pas à s’intéresser à cette formation des plus insolites qu’est devenue Dead Can Dance. Mais les histoires de possession ne sont jamais simples...

Avec ce roman de près de quatre cents pages, Jean-Marc Ligny montre sa grande connaissance du groupe qu’il met en scène, de même que de l’Irlande ancienne et actuelle. Quelques-uns des plus beaux passages du livre sont ceux dans lesquels il dépeint l’Irlande avec une affection apparente. La possession d’Alyz est aussi rendue avec un onirisme fort à propos. De plus, les connaissances de l’auteur sur l’Irlande et les légendes celtiques ne sont jamais plaquées, mais intégrées de manière limpide au récit. Et comme l’histoire est fluide, on ne s’ennuie pas au cours de la lecture, à tout le moins si l’on apprécie les ouvrages à saveur celtique et fantastique.

Cependant, comme les chapitres alternent entre les récits de Forgaill et d’Alyz, la comparaison entre les deux parties est inévitable. Pour ma part, j’avais toujours hâte que les sections au sujet de Forgaill se terminent pour laisser place à Alyz. De surcroît, alors que le personnage d’Alyz est particulièrement incarné, celui de Bran l’est beaucoup moins ; j’ai eu de la difficulté à percevoir son intériorité et la raison de certaines de ses réactions. Il faut également ne pas être las des histoires de possession pour apprécier à sa juste mesure La mort peut danser.

Bref, un roman à l’atmosphère irlandaise saisissante, qui m’a donné encore plus envie de mettre les pieds en Irlande. Et de découvrir plus avant Dead Can Dance, dont je ne connais qu’une unique pièce pour l'instant... Mais plus pour longtemps !

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