dimanche 23 mars 2014

Le Voyage insolite (émission du 17 mars)


L’honneur d’Edward Finnigan / Anders Roslund et Börge Hellstrom

Depuis 2009, Anders Roslund et Börge Hellstrom, tous deux suédois, ont cosigné une demi-douzaine de romans, dont L’honneur d’Edward Finnigan, qui vient tout juste d’être traduit. Ce thriller a piqué ma curiosité parce qu’il se déroule en partie dans un cargo entre la Suède et la Finlande. Mais, à la suite de la lecture du livre, je dois avouer que cet aspect est plutôt en retrait.


John Meyer, un jeune homme condamné à mort, est au cœur du récit. John a été condamné pour le meurtre de son ancienne compagne, Élisabeth. Meurtre qu’il n’a jamais avoué, niant depuis toujours sa culpabilité. Mais de nombreuses empreintes et preuves matérielles témoignaient de son passage sur les lieux du crime et de son implication dans cet homicide. Pour empirer les choses, John a un passé d’adolescent violent, prompt à en venir aux mains. Le père d’Élisabeth, l’Edward Finnigan mentionné dans le titre, est convaincu de la culpabilité du jeune homme et fera tout pour qu’il soit condamné. Il est certain que seule l’exécution de John Meyer saura lui redonner la quiétude d’esprit qui lui fait cruellement défaut depuis. Cependant, la mort prématurée de John dans le couloir de la mort d’une prison en Utah l’empêche d’assister à son exécution. Et Edward Finnigan continue d’être dévasté par son désir de réparation. Mais six ans plus tard, quelque part dans un cargo entre la Suède et la Finlande, l’arrestation d’un crooner relance l’affaire John Meyer, y jetant un nouvel éclairage...

Avec L’Honneur d’Edward Finnigan, Roslund et Hellstrom proposent un thriller haletant, au rythme soutenu. L’atmosphère du couloir de la mort est d’ailleurs bien rendue et crédible. Toutefois, ce roman m’a semblé manquer d’intensité, ne poussant pas jusqu’au bout les concepts sensibles qu’il aborde, comme la peine de mort. Les personnages étant aussi un peu falots, le livre n’a à mon sens pas la portée dramatique qu’il aurait dû avoir. Nous avons donc ici un roman honnête mais assez tiède, qui s’oubliera rapidement, malgré son côté sympathique.

J’aurais aimé sentir davantage la « touche suédoise » des auteurs, très américanisés dans leur approche (pour la partie qui se trame en Utah, c’est évidemment compréhensible). Malgré certaines qualités, je demeure au final assez mitigée. Cela dit, le dénouement est imprévisible à souhait et saura sans doute plaire à plusieurs, notamment aux fans du duo d’auteurs suédois.

lundi 17 mars 2014

Folie, crimes et salon du livre

Je peux maintenant lever le voile - avec fébrilité ! - sur une publication à venir, soit la nouvelle "Demi-deuil", dans le collectif Crimes à la librairie. Il va sans dire que je suis honorée d'avoir contribué à ce projet - particulièrement emballant - qui paraîtra aux éditions Druide le 26 mars, juste à temps pour le Salon du livre de Trois-Rivières. En voici les détails, tels que diffusés par l'éditeur :

"Ils écrivent des polars. Des polars qu’on dévore. Et à la demande d’un lecteur passionné, Richard Migneault, ils se sont réunis autour d’un thème séduisant : crimes à la librairie.

Mario Bolduc, Camille Bouchard, Benoît Bouthillette, Chrystine Brouillet, Jacques Côté, Ariane Gélinas, André Jacques, Martine Latulippe, Geneviève Lefebvre, Florence Meney, Sylvain Meunier, Martin Michaud, Patrick Senécal, Johanne Seymour, Robert Soulières, Richard Ste-Marie

Ces seize écrivains québécois nous invitent dans autant de librairies. Leurs nouvelles nous permettent de découvrir leur style, leurs intrigues et leurs personnages : un tueur à gages littéraire, un homme qui détestait les livres, un général croate sanguinaire, un agent du FBI, une libraire incendiaire, un voleur d’incunables… Étonnement garanti !

Lieu de culture, d’échanges et de découvertes, la librairie n’est-elle pas le point de rencontre privilégié entre le livre, l’auteur et le lecteur ? De son atmosphère feutrée émane une impression de calme, presque de recueillement. Un sentiment de paix tout à fait étranger à la violence. Ainsi, c’est tout un défi qui a été lancé aux seize auteurs des nouvelles de ce recueil : faire de la librairie, cet endroit généralement paisible, une véritable scène de crime. Ils ont donc, chacun à sa façon, dénaturé ce carrefour de tous les imaginaires en transformant chaque livre qui s’y trouve en témoin de l’énigme, du suspense, de l’insoutenable. Plusieurs se sont même permis de délicieuses touches d’humour. Parions qu’après avoir lu ce recueil vous ne verrez plus tout à fait votre librairie préférée du même oeil… "

Pour en savoir davantage, vous pouvez aussi visiter la page de l'anthologie sur le site des éditions Druide.

*

Je parlais un peu plus haut du Salon du livre de Trois-Rivières, auquel je prends part avec plaisir chaque année, notamment cette fois-ci pour l'anthologie Crimes à la librairie. Mais je serai également en dédicaces pour Transtaïga et L'île aux naufrages (Marchand de feuilles) ainsi que pour Le sabbat des éphémères (Six brumes). Voici donc l'horaire en question (celui qui figure sur le site du Salon du livre étant un peu inexact) :

Vendredi 28 mars :
14h à 15h30 : Les villages assoupis (Marchand de feuilles, kiosque 12)
17h à 20h : Le sabbat des éphémères (Les Six brumes, kiosque 30)
Samedi 29 mars :
11h à 12h30 : Les villages assoupis (Marchand de feuilles, kiosque 12)
13h à 16h : Le sabbat des éphémères (Les Six brumes, kiosque 30)
18h à 20h : Le sabbat des éphémères (Les Six brumes, kiosque 30)
Dimanche 30 mars :
10h à 12h : Le sabbat des éphémères (Les Six brumes, kiosque 30)
13h à 14h : Le sabbat des éphémères (Les Six brumes, kiosque 30)
14h à 15h : Les villages assoupis (Marchand de feuilles, kiosque 12)
15h à 16h : Crimes à la librairie (Druide, kiosque 47)

Donc, vous voilà avertis, le crime s'invitera au Salon du livre fin mars (le thème étant justement "À rendre fou !", ce qui n'exclut pas la "folie meurtrière")...

jeudi 6 mars 2014

Escalana (couverture et quatrième)

Je suis très heureuse de vous présenter la couverture d'Escalana, tome 3 des "Villages assoupis", à paraître en mai 2014. L'illustration est de la talentueuse Tanya Mayers (Harriet's Imagination).


Résumé : Musicienne et collectionneuse de sonorités insolites, Abigail s’est exilée en Haute-Mauricie pour oublier un passé cruel. Lorsqu’un bruit singulier attire son attention près du village fantôme d’Escalana, elle décide de capturer cette vibration qui semble l’interpeller du fond des âges. Elle découvre alors une mine abandonnée au sud du Réservoir Gouin, à proximité de laquelle surviennent des événements inquiétants. Des enfants disparaissent dans les galeries, l’amnésie dévore les souvenirs, certaines personnes cessent de vieillir... Que recèlent réellement les souterrains d’Aven ? Et surtout, qu’est-ce qui a trouvé refuge dans les méandres obscurs de la mine ?

lundi 3 mars 2014

Le Voyage insolite (émission du 24 février)


Dictionnaire amoureux du Diable / Alain Rey

La collection « Dictionnaire amoureux » de Plon vient de s’enrichir d’un nouveau titre, signé par Alain Rey. Ce dernier a contribué à plusieurs dictionnaires, notamment au Petit Robert, étant même le principal collaborateur de Paul Robert. C’est la première fois qu’il propose un ouvrage qui n’est pas consacré au langage, même si le format dictionnaire retenu rejoint son habituel champ d’expertise.

Présenté sous une couverture souple à rabats, avec une illustration simple et élégante, ce dictionnaire du diable ne dénombre pas moins de 975 pages. Chaque lettre de l’alphabet est représentée à l’aide d’un dessin amusant et bien réalisé, des illustrations étant également disséminées au gré des pages. Dans la préface de l’auteur, nommée « avant-dire », Alain Rey précise, que malgré l’existence du Dictionnaire infernal de Collin de Plancy et du Dictionnaire du Diable de Roland Villeneuve, « il reste une place pour un tour de piste alphabétique, où le diable, figure mythique, esprit du mal, acteur essentiel de l’Histoire, conduirait le bal du temps social (p. 9) ». L’optique de l’auteur semble être de rendre compte du caractère de tentateur, de séducteur, du démon, celui-ci se faisant l’émissaire du désir. Et force est de dire que nous sentons le soin, l’affection, d’Alain Rey pour son sujet, qu’il détaille avec générosité et simplicité, dans un style accessible.

Plusieurs entrées sont constituées de notices biographiques, dans lesquelles sont présentées des figures historiques qui ont frayé avec le diable, d’une manière ou d’une autre. Mais les entrées thématiques ne sont pas en reste, nous renseignant par exemple sur les animaux diaboliques, sur les « cambions », enfants nés de l’accouplement avec des incubes, sur la démonopathie, sorte de « délire collectif de possession démoniaque », sur le sabbat et les différents fantasmes sexuels qu’il convoquait, ou encore sur le soufre, souvent associé au mal. Comme vous pouvez le constater, l’ouvrage propose des entrées variées, bien qu’un peu traditionnelles dans leurs choix. En ce sens, Le dictionnaire amoureux du Diable m’a semblé avant tout un livre d’introduction sur le sujet, qui offre de bonnes pistes de départ. C’est donc un ouvrage soigné qui s’adresse au grand public et non aux chercheurs qui s’intéressent aux différentes incarnations du Prince des ténèbres. 

Bref, le démon n’a pas fini de faire couler de l’encre noire, et Alain Rey offre ici une contribution intéressante aux études sur le Malin, qu’il serait dommage de manquer !